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y'a pas d'mal à s'faire du bien - Page 4

  • Dernier métro

     

     

    Le signal de fermeture des portes a déjà retenti quand elle se rue dans le wagon bondé. Devant sa mine renfrognée, il recule prestement pour lui faire un peu de place. Les portes se referment dans un claquement, le métro s’ébranle et s’engage dans la nuit souterraine.

    Sa main gantée de cuir noir cramponne la poignée métallique. Collée à la porte, jambes écartées, elle peine à trouver son équilibre dans les soubresauts chaotiques du wagon qui file. Le crissement des pneumatiques lui agresse les oreilles. Vite, s’isoler du bruit, s’évader pour ne pas voir les visages maussades. Elle enfonce des écouteurs de caoutchouc noir dans ses oreilles, fourrage nerveusement dans sa poche et en extrait à grand-peine, irritée par le cuir qui s’accroche à la doublure, un appareil de musique. Par-dessus son épaule, il observe l’écran qui s’allume et s’étonne de la dextérité avec laquelle son pouce tapote sur le minuscule clavier. Elle sélectionne la lettre T et fait défiler une liste : The Gorillaz, The Klezmatics, The Prodigy, Tiken Jah Fakoly. Il est si près d’elle qu’il entend les djembés claquer dans ses oreilles. Il observe le manteau cintré d’allure militaire, le béret enfoncé sur ses cheveux, les bottes de cuir noir et le sac couleur fauve.  Il pense en lui-même : « Comme quoi l’habit ne fait pas le moine, j’aurais jamais imaginé cette bourgeoise écoutant du reggae africain ».

    A la station suivante, le chassé-croisé des voyageurs les propulse d’un même élan entre les strapontins. Dans une grimace de douleur, elle se déleste de la sacoche d’ordinateur qui lui scie l’épaule et la glisse entre ses jambes, toujours légèrement écartées. Coincé entre elle et une femme à sa droite, il se tourne vers elle et lui fait face un instant. Leurs visages sont à moins de vingt centimètres l’un de l’autre. Elle esquisse un mouvement de recul à peine perceptible et le toise, le visage fermé. Elle pense « Dis donc,  faudrait peut-être respecter mon espace vital, mon coco ». Gêné, il se tourne et regarde droit devant lui.

    Le corps de l’inconnue est maintenant perpendiculaire au sien. Il tourne la tête dans sa direction et les yeux dans le vague, fait mine de s’absorber dans une réflexion intense. Elle fixe un point devant elle. Il en profite pour détailler son visage, tâche rendue commode par leur extrême proximité. Les yeux vifs sont ourlés de noir, la bouche fardée d’un rouge orangé. Un léger duvet recouvre ses joues et un bouton rougit son menton. Il s’amuse « Ca ne pardonne rien, la cohue des heures de pointe ».  

    Elle fixe un point imaginaire devant elle mais a senti le regard de l’homme sur elle. Elle lui jette un coup d’œil, leurs regards se croisent comme les fers de deux épées. Il a tourné la tête et elle en profite pour l’observer à son tour. « Il est mignon » pense-t-elle. Elle observe les cheveux bruns, très courts, offerts sans protection à la morsure du froid. Il doit avoir froid, comme ça. Elle imagine ses doigts rebroussant les mèches courtes enduites de gel et peste intérieurement « Mais quelle idée ils ont de se foutre du gel sur les cheveux ! Ca colle aux doigts, ça pique et ça pue ». Il est à peine plus grand qu’elle. Son blouson kaki trahit sa jeunesse, il doit avoir la trentaine à peine. Elle observe les joues soyeuses et rasées de près, la bouche pleine. Tout à fait son genre. Elle pense « Finalement, ça a du bon, parfois, la promiscuité. Ca me change de la vue en contre-plongée sur des narines velues ou des oreilles enrobées de cire ». Elle se détend et laisse couler son regard sur ses mains. Les ongles sont trop courts, des poils noirs épars recouvrent le dos de la main. Il doit être poilu. L’encolure de son pull ne laisse échapper aucun indice.

    A la secousse suivante, elle laisse le renflement de ses seins emprisonnés sous la laine frôler la manche du jeune homme. Amusée par le tressaillement qu’il a laissé échapper, elle décide de jouer un peu. Sa main a pris appui contre la paroi, derrière l’épaule du jeune homme. Il tourne la tête vers elle et leurs regards se croisent, de nouveau. Cette fois, aucun ne se détourne et ils restent accrochés l’un à l’autre. Elle soutient son regard, intriguée. Elle sourit, il sourit aussi et après quelques instants, qui semblent une éternité, elle détourne la tête comme à regret, visiblement troublée. Ses joues se sont empourprées.

    La tension est montée d’un cran et la température aussi, visiblement, puisque soudain elle ôte le chapeau, le plie et le range dans son sac puis dénoue l’écharpe qui glisse sur sa nuque. Elle ôte un gant, fourrage dans ses cheveux. Ils sont dorés et brillent sous la lumière des néons blafards. Il imagine la chaleur de son cou et ses cheveux étalés comme un soleil sur l’oreiller, sous lui. Il pense « Ca y est, j’ai la gaule ». Leurs corps qui se frôlent ont entamé une danse complice qui échappe à la foule qui les entoure.  Désormais, quand il plonge son regard dans le sien, il y voit des étincelles de désir. Son regard lui sourit et semble dire « Oui, regarde-moi, je n’ai pas peur, j’irai jusqu’au bout ». Alors, il s’appuie un peu plus contre la main gantée, pour s’imprégner de sa chaleur mais elle retire sa main. Il se redresse brusquement, s’excuse déjà mais elle sourit de nouveau et pose sa main sur son épaule. Elle s’appuie sur lui, désormais. Il ne peut alors réprimer un franc sourire, et elle rit aussi, comme amusée de son espièglerie.

    Les minutes sont passées, les voyageurs sont montés et descendus, ils sont toujours serrés l’un contre l’autre. Il voudrait prolonger ce moment. Elle ferme parfois les yeux, brièvement, et il se demande à quoi elle pense. Joue-t-elle ? Va-t-elle s’échapper pour ne rester qu’un mirage ? Osera-t-il lui proposer de la revoir ?

    Dans sa tête à elle, ça mouline à toute vitesse. Elle a envie de lui, envie de goûter sur sa langue son haleine parfumée au tabac. Elle imagine ses mains glacées s’immisçant sous son pull et remontant sur son ventre brûlant jusqu’à …. Elle serre les dents et soupire. « Il faut que je lui demande son numéro. Pas question de donner le mien, on ne sait jamais, si c’était un relou qui se met à me harceler. Mais qu’est ce qu’il va penser si je me lance ? Qu’il peut me sauter ? Et si ça se trouve, il a une nana ». Elle rouvre les yeux, croise son regard malicieux. « Pourtant, s’il me proposait, là tout de suite, de refaire le chemin en sens inverse, de « remonter le temps contre sa bouche », je le suivrai sans hésiter. Rien à foutre du boulot, je dirai que je suis malade ». Elle imagine déjà leurs peaux l’une contre l’autre dans la chaleur de la couette.

    Elle sort le téléphone métallisé de son sac et l’active. Elle l’a décidé, elle se lance, y’a pas de raisons que ce soit toujours aux hommes de faire le premier pas. Il regarde sa main. Elle commence à taper 06, hésite, se ravise et range le téléphone, en soupirant. A l’approche de Châtelet, elle reprend la sacoche restée entre ses jambes et se redresse. Elle lui jette un dernier regard, sourit tristement et fait quelques pas jusqu’à la porte. Le wagon s’est immobilisé, elle saute lestement, se retourne et le fixe. Il avance, hésitant. Elle tend la main, il la saisit et saute sur le quai.      

     

  • Ma boss est blogueuse

    Angelina.jpgVendredi, je fronce les sourcils devant mon ordi quand j’entends ma boss parler de son blog. Damned ! Je tends l’oreille. J’allais demander « Ah bon, tu as un blog ? » mais je me suis abstenue, ne voulant pas éveiller les soupçons. Elle donne un indice, un seul. En moi-même, je pensais :

    1)      Il faut que je le trouve, son blog !

    2)      Et si elle tombait sur le mien, par hasard, me démasquerait-elle ? 

    J’ai trouvé son blog en un clic, ce matin, en buvant mon café. Je voulais surtout vérifier si nous fréquentions les mêmes réseaux. Y’a aucun risque qu’on se croise, à priori. Elle tient un blog de bouffe, pourtant, mais ce sont des trucs immangeables, pour moi (comprenez cassoulet allégé et sablés sans beurre). Et son autre blog n’est pas un blog érotique, malheureusement, mais un blog de régime !

    Tout va bien, je peux continuer à saliver à l’idée du Mont-Blanc (meringue recouverte de crème fouettée et crème de marron) et chocolat l’Africain de chez Angelina que je vais me taper cet après-midi (si j’arrive à y entrer mais sinon, j'ai un plan B). 

    PS : Tiens, pendant que j’y pense, vous connaissez des endroits à Paris où on peut boire un chocolat chaud digne de ce nom ? Je n’ai jamais rien bu de meilleur que l’Africain de chez Angelina, mais c’est souvent bondé. Plus récemment, Oh!91 m’a fait découvrir "les Marronniers" dans le Marais où l’on vous sert un pot de chocolat pur et épais, ainsi qu’un autre de lait, et on fait soi-même son mélange. Et puis, je me suis noté dans mes tablettes « La Jacobine » à Odéon dont les critiques sont fort élogieuses. Des adresses à partager ?

  • Le premier jour de l'année à Budapest

    J'émerge vers 11h, les yeux gonflés par une nuit courte et l'atmosphère enfumée de la boîte de la veille. Il neige vraiment cette fois, et un léger manteau blanc recouvre les abords de la piscine extérieure qui est fermée ce matin encore. Les jours fériés en Hongrie sont de vrais jours fériés. La veille, le 31, tous les commerces avaient fermé dès la mi-journée. J'avale l'habituel petit-déjeuner, mélange de brioche et salami fromage. Dans la salle fumeurs, notre nouveau voisin, polonais, est déjà à la bière. Il nous casse les oreilles en draguant bruyamment une jeune Croate.
    Aujourd'hui sera une journée pépère, jour férié oblige. Nous irons aux bains Széchenyi, les seuls ouverts, pour profiter une dernière fois du bonheur des bains fumants avant notre départ.
    Avant de rejoindre le bâtiment, Igor nous emmène sur la Place des Héros qui rend hommage aux personnages qui ont marqué l'histoire de la Hongrie. Au centre, le prince Arpad, chef des sept tribus magyars qui envahirent les Carpates en 895, et en arrière-plan, des colonnades  abritent les statues de personnages célèbres, dont Szent Istvan.

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    Nous entrons ensuite dans l'enceinte du fort Vajdahunyad qui fut construit pour l'exposition universelle et offre un bel échantillon de divers styles architecturaux. Manque le style sécessioniste, mais on y retrouve les styles gothiques, baroques et Renaissance.  A proximité, un lac gelé sert de patinoire en hiver. Nous nous promettons de nous offrir tous les deux un après-midi de déconnade sur des patins, de retour à Paris.
    Nous entrons aux baisn Széchenyi qui sont blindés de monde, on s'en doutait.

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    Pour nous réchauffer, on décide de manger un petit quelque chose, manque de pot la cafétéria nous sert du poulet et du riz froid, il n'y a plus de vin chaud, et je manque m'empoisonner en mangeant un dessert conseillé par Igor, à la chantilly et crème de marrons. Je fais remarquer à Igor que le goût est bizarre, il me dit "Oui, c'est parfumé au rhum", donc je continue, je fais goûter à Yo qui s'écrie "Comment tu peux bouffer un truc aussi dégueulasse?" et enfin, lorsqu'Igor plonge sa cuillère dans le sien, il manque vomir. La Chantilly est tournée, en fait. J'en ai mangé les trois quarts, manquerait plus que je me mette à vomir au milieu des bains mais la suite de la journée confirmera que j'ai un estomac à toute épreuve. Lorsqu' Igor veut s'essuyer la bouche avec une serviette, ses doigts passent à travers, il s'écrie "Merrrde ! Qu'est ce que c'est que ces serviettes de l'époque communiste ???" Nous partons dans une crise de fou-rire.

    Dans les bains, je retrouve les deux petits Italiens rencontrés la veille aux bains Gellért et leur fait faire le tour du propriétaire. Je retrouve aussi celui qu'Igor et moi avons surnommé "le requin". C'est dingue quand même, je l'ai vu tournoyer, seul, comme un fauve dans les mêmes bains il y a plusieurs jours, puis hier soir il chassait dans la boîte où nous étions, et le revoilà, cette fois-ci cramponnée à une nana. Ses efforts ont payé, visiblement. 

    Ça parle beaucoup français  - et italien - dans les bains. C'est incroyable le nombre de Français qu'on croise à Budapest, il paraît que la Hongrie est une des dernières destinations à la mode.

    Lorsque la nuit tombe, donnant une dimension tout à fait magique à ce lieu, je regarde les volutes de vapeur s'envoler dans le ciel bleu nuit et patauge avec Yo, en regrettant de devoir déjà partir.

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    Plus tard, j'abandonne les garçons. j'ai envie de profiter de ma dernière soirée dans la ville pour flâner seule. Le métro me dépose sur la place Vorosmarty, devant la pâtisserie Gerbeaud. Cette place a des allures de marché de Noel avec ses chalets en bois où on peut acheter à manger. Je me réchauffe avec un gobelet de vin chaud puis emprunte une rue animée mais rien d'intéressant, que des boutiques de fringues, je retourne sur la place, j'hésite à me taper un jarret grillé mais je n'ai pas très faim et me rabats sur un kürtös kalács, un cylindre de pâte cuit autour d'un moule en forme de rouleau à pâtisserie, et roulé dans du sucre à la cannelle. Ca réchauffe les doigts et c'est super bon.

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    Re-métro jusqu'à Oktogon, puis tramway, les rues sont désertes, c'est une atmosphère peu rassurante au premier abord que ces rues sombres et désertes, mais il y a peu de criminalité à Budapest, aux dires d'Igor. Je rejoins l'hôtel avec précaution car les pavés sont verglassés.

    C'était ma dernière soirée à Budapest. En 2009, je me souhaite d'y revenir, aux beaux jours cette fois. 

     

  • Au marché couvert de Budapest

    Pigs.JPGC'est le dernier jour de l'année.

    Les commerces ferment tôt, alors nous rejoignons vite le marché couvert pour y faire quelques emplettes.

    Au rez-de-chaussée, on trouve de la nourriture, principalement des étals de fruits et légumes, peu achalandés car on y trouve que des produits de saison, panais, pommes de terre, carottes, bananes, agrumes et paprikas, bien sûr. Des étals de viande exhibent des monceaux de saucisses, des quartiers de viande, des salamis mais aussi ... du foie gras. Des lobes frais, à 20 € le kilo environ, et des boîtes de foie gras. Saviez-vous que la Hongrie était le deuxième exportateur mondial de foie gras après la France ? Vous avez d'ailleurs peut-être , sans le savoir, déjà mangé du foie gras provenant de Hongrie et cuisiné dans notre Sud-Ouest.  Il y a aussi des étals de fruits secs et épices diverses, parmi elles le célèbre paprika, en collier, en poudre, en tube etc. et d'autres où l'on peut acheter de l'alcool, eau-de-vie, liqueurs de fruits et le célèbre vin Tokaji.

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    Au premier étage, ce sont des gargotes et des boutiques de souvenirs. Des poupées russes, des couteaux, les habituels gadgets à l'effigie de la Hongrie. Je croise un gamin qui mord dans une belle galette, ça a l'air appétissant, Igor me dit "Ah, ce sont des ... j'adorrrre !" alors je goûte, ce n'est pas sucré comme je le pensais, mais salé, il s'agit d'une galette de farine de pomme de terre frite nappée de sauce aigre et fromage. Pas terrible. Bon, j'ai voulu goûter, j'ai goûté ... Debout sur des coins de table, on se restaure en choisissant des poivrons charnus, du chou farci et d'autres choses qui ont l'air bien appétissantes. Le fast-food à la hongroise, c'est pas du Mc Do ! Jugez plutôt :

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    Il est temps de se réchauffer. Les bains Gellért sont les seuls ouverts aujourd'hui et il y a foule. Quand vous y entrez, il faut passer devant les cabines individuelles, aux portes oranges, et monter au premier étage, là où se trouvent les casiers. Il y a 2 bassins mixtes, un à 38 degrés et une piscine où on peut nager, et une partie non-mixte avec des saunas. Dans le bassin chaud, je rencontre deux Italiens de Milan. Ils sont là pour deux jours et je leur donne rendez-vous aux incontournables bains Széchenyi, le lendemain.

    Il est temps de déguster des pâtisseries au café New York. Un endroit somptueux. Nous commandons des chocolats chauds et pâtisseries, pour moi un cheese-cake aux fraises. Les pâtisseries hongroises sont réputées mais je ne suis pas friande de la crème. Sauf sur mon chocolat chaud à la canelle, qui est épais et parfumé, un délice !

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    Je comprends mieux pourquoi Igor s'énerve quand on lui sert un chocolat chaud en France ... Les liquides coupés à l'eau et offrant autant de cacao qu'un mauvais Nesquik qu'on nous sert en les appelant "chocolat chaud" ne méritent pas ce nom. Seuls le salon de thé Angelina, rue de Rivoli, et maintenant les Marroniers, dans le Marais, trouvent grâce à mes yeux. Il faudra vraiment que j'emmène Igor, et d'autres gourmand(e)s chez Angelina, à notre retour. Et puis, dans une boîte en fer-blanc, je conserve toujours précieusement le bâton de cacao ramené de Guyane par l'adorable et sémillant Tonnegrande ... 

    Le soir, vers 20h, nous entrons dans une auberge typique, les poutres en bois, les rideaux brodés et au mur, les photos des personnages célèbres qui y ont dîné, dont Mitterrand. Les musiciens tziganes prennent place.

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    A l'apéritif, un verre d'eau-de-vie. Ensuite, un filet de sandre sur une mousse d'épinards, fort savoureuse. Une soupe aux carottes et légumes, agrémentée d'un oeuf de caille. Puis un plat de viandes diverses et croquettes, servies avec du riz et de la purée. Un trou hongrois avec du sorbet au citron avant une crêpe à la crème. Une femme s'approche de nous et demande si nous sommes français. Elle s'appelle Sabine et vient de Stuttgart. Elle et son mari Dimitri, violoniste, jouent de la musique tzigane, du swing à la manière de Stéphane Grappelli. Ils viennent souvent au festival de Sammois-sur-Seine et nous parlons aussi de l'Allemagne. D'une table voisine, une voix s'élève. Parmi les convives se trouve une chanteuse d'opérette qui accompagne les musiciens sur "O sole mio".

    A minuit, les musiciens entonnent l'hymne hongrois. Embrassades puis nous filons en taxi jusqu'au Capella, une boîte au bord du Danube. Dehors, il fait -7 degrés mais je n'ai pas froid dans ma robe dos nu. Musique techno et fumée de cigarette, je ne m'éclate vraiment que quelques minutes sur House of Pain.

    Voilà, c'est fini, 2009 est là, et je crois que dorénavant, pour passer ce cap qui me pèse chaque année un peu plus, je fuierai systématiquement Paris.

  • Szentendre, les bains Rudas et le Poco Loco

    En fin de matinée, nous prenons le HÉV, RER local, pour Szentendre (Saint-André), une ville d’artistes nichée dans la boucle du Danube, à une vingtaine de Kilomètres de Budapest.

    Szentendre a accueilli des réfugiés serbes, dalmates et grecs qui lui ont donné une atmosphère méditerranéenne (bon, par – 7 degrés, l'atmosphère méditerranéenne était un peu moins palpable …). Les ruelles étroites et pavées, les maisons colorées, les teintes chaudes dont le fameux jaune Habsbourg, de nombreuses églises baroques en font une promenade bien agréable.

     

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    On y trouve aussi de nombreux musées, dont celui du Vin et celui du Marcipan (Massepain), ainsi qu’un musée de céramiques, magnifique, paraît-il, que je visiterai une prochaine fois. Nous souffrons du froid et Oh propose d’aller réserver notre table pour le déjeuner. Malheureusement, Aranysàrkàny, qui passe pour une des meilleures tables du pays,  est fermé entre mi-décembre et début janvier. Quelle déception !

    Je ne résiste pas à l’envie de pousser la porte du Marcipán Múzeum. La pâte d’amande est un de mes – nombreux - péchés mignons. Je me souviens encore avec émotion d’une journée d’hiver en Forêt-Noire où la petite Fiso, clouée au lit par un mauvais rhume, vit sa mère rentrer avec des fruits en massepain pour la consoler de n’avoir pu sortir dans la neige, fruits dont elle se gava au point de se rendre malade. Plus tard, arrivée à Paris, je retrouvai la douceur de mon enfance en mordant dans des figues et des cochons roses en pâte d’amande.  

    Je reviendrai un autre jour admirer les nombreuses oeuvres, dont une reproduction du parlement Hongrois, du Marcipàn Muzeum. 

    Dans la rue principale, un hongrois joufflu arborant de magnifiques moustaches nous fait goûter du jus de framboises. Oh nous emmène sur les bords du Danube. Nous convenons que la visite de Szentendre doit être bien plus agréable à la belle saison. Transis de froid, nous nous réfugions dans un restaurant serbe. Je commande un plat au hasard, surprise, surprise … une sorte de galette de viande hachée aux herbes, ça se mange bien.

    Plus tard, nous nous assoupissons dans le HÉV avant de nous réfugier dans la chaleur des bains, rituel désormais quoitidien. Aujourd’hui, je vais découvrir les bains turcs Rudas, au pied du pont blanc Elisabeth. Depuis 2005 seulement, ils sont ouverts aux femmes certains jours.

    Les bains Rudas ont été rénovés et sont très beaux. Il me semble que l’odeur de soufre y est moins forte qu’aux bains Kiraly. Je rêvasse sous la coupole, en admirant les colonnes et les voûtes de pierre. Murs et plafonds sont recouverts de céramiques et d’un enduit couleur brique de type Tadelakt. Je m’endors dans la salle de repos, ce qui me prive de remboursement à la sortie.

    Lorsque je quitte les bains, la nuit est tombée. Le pont Széchenyi arbore un sautoir de perles scintillantes, c’est féérique. Les bâtiments sont très bien mis en valeur à Budapest et la nuit, la ville est encore plus belle. A l’arrêt du bus 86, un panneau m’indique à quel endroit du parcours se trouvent les bus. Le réseau de transports en commun est efficace, on n’attend jamais plus de dix minutes. Dans le bus, un bandeau lumineux annonce les stations ainsi que les correspondances avec d’autres transports.

    Je descends devant la piscine et rejoins les garçons à l’hôtel. Nous décidons de dîner au Poco Loco qui, comme son nom de l’indique pas, est 100% hongrois. Je choisis un divin Borjúpaprikás, un ragoût de veau au paprika accompagné de galuskàval, les gnocchi hongrois. Ils n’ont rien à voir avec les gnocchi italiens caoutchouteux que j’ai déjà achetés en grandes surfaces et leur consistance ferme me rappelle plutôt les pâtes souabes de mon enfance, les spätzle.

    Igor rêve d’un dessert et Oh propose d’aller le prendre au café New York. Nous ne verrons malheureusement les luxueux décors et lustres de ce salon de thé, attenant au palace 5 étoiles du même nom, que le nez collé à la vitre car celui-ci est déjà fermé. De retour dans la chambre, nous nous consolons en mangeant les papillottes de chocolat au marcipan offerts par la maman d’Igor.